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Déclaration CAPD 27/11/2015

SNUDIFOcapd.jpgArras, le 27 novembre 2015.

Monsieur l’Inspecteur d’Académie, mesdames et messieurs les membres de la commission administrative paritaire départementale,

Tous les salariés, militants et adhérents des syndicats FORCE OUVRIERE ont été saisis d’effroi par les tragiques événements du 13 novembre dernier.

Nous pensons d’abord à toutes celles et ceux qui ont perdu un ou plusieurs proches qui assistaient au concert au Bataclan ou qui étaient attablés aux terrasses. Rien ne peut justifier de tels actes fanatiques.

F.O a exprimé tout à la fois nos sentiments d’horreur, et de compassion pour les victimes et leur famille, pour tous ceux qui ont eu à subir et subissent les conséquences des attentats. Nous les réitérons aujourd'hui.

Suite à ces attentats, le ministère vient d’adresser des consignes de sécurité très précises aux écoles et aux établissements dans le cadre du plan Vigipirate.

On ne saurait transiger avec la sécurité des personnels et des élèves mais les consignes ministérielles soulèvent de nombreuses questions.

Il est notamment demandé de vérifier l’identité des personnes étrangères aux écoles, le cas échéant de vérifier le contenu de leurs effets personnels. Il est demandé aux familles de ne pas s'attarder devant les portes d'accès. FO ne récuse absolument pas le bien fondé de ces mesures, mais s’interroge sur le fait que leur mise en œuvre incomberait aux personnels de l’éducation nationale.

Les personnels se demandent comment appliquer la totalité des consignes qui leur ont été adressées. Surtout, il est évident qu’ils ne sont pas habilités ou qualifiés pour mettre en application certaines de ces consignes. Comment faire dans une école pour vérifier les personnes et leur identité, vérifier le contenu de leurs effets personnels ? Comment faire pour éviter que les parents ne se rassemblent devant l’école ? Comment faire pour empêcher le stationnement des véhicules ? Selon nous, les personnels de l’éducation nationale n’ont pas à se substituer aux seuls fonctionnaires habilités à faire appliquer les mesures de sécurité. Faire porter aux personnels de l’éducation nationale une responsabilité qui n’est pas la leur les expose juste à des conflits inévitables.

La FNEC FP FO demande que les clarifications nécessaires soient apportées et que les mesures de préservation indispensables des personnels et des élèves soient avec les préfectures et les mairies.

Quant aux consignes ministérielles concernant les PPMS (plan particulier de mise en sûreté), la FNEC FP FO rappelle que c’est aux mairies qu’il revient de communiquer aux écoles le plan communal de sauvegarde. Les personnels, et en premier lieu les directeurs d’écoles, ne sont responsables que de l’exécution des consignes.

D'autre part, suite à la situation de déclaration d’urgence qui a été portée à trois mois, une réunion a été organisée à Matignon par le Premier Ministre le 20 novembre dernier avec les interlocuteurs sociaux. FO a pu notamment indiquer à la fois qu’il n’était pas question d’unité nationale mais d’unité et d’indivisibilité républicaines et rappeler l’importance des valeurs de la laïcité.

C’est pourquoi Force Ouvrière exercera la plus grande vigilance pour le respect des libertés syndicales, pour le respect du droit de réunion, du droit de manifestation, de grève, et plus généralement du droit syndical. Même si le Premier ministre a prononcé à ce sujet des paroles rassurantes, la vigilance reste de mise.

Le Président de la République a exprimé vis-à-vis des fonctionnaires des remerciements pour leur comportement face aux conséquences des attentats. Les personnels de sécurité, les personnels de santé, mais aussi les personnels de l’Éducation nationale mis à contribution dès le samedi, ont su réagir avec efficacité, conscience et responsabilité, et exercer leurs missions dans une situation très difficile. Ils l’ont fait avec dévouement, avec esprit de responsabilité ; ils ont ainsi démontré, s’il en était besoin, la nécessité en toutes circonstances des services publics républicains.

Dans le même temps, les pouvoirs publics poursuivent la mise en œuvre de la réforme territoriale, de la réforme du collège et plus globalement de tous les aspects de la refondation de l’école. Ils poursuivent la remise en cause des garanties statutaires des personnels de toutes catégories, ils refusent d’entendre les revendications les plus élémentaires concernant la valeur du point d’indice, concernant les fermetures de postes, concernant le fonctionnement des services publics. La ministre de l’Éducation Nationale remercie et félicite les enseignants, les personnels de direction, les personnels administratifs mais elle continue de refuser de recevoir la délégation des 14 syndicats nationaux représentant plus de 80% des personnels qui exigent la remise en cause de la réforme du collège et l’abrogation des textes qui la mettent en place. Elle publie aujourd’hui les nouveaux programmes que le Conseil Supérieur de l’Éducation a rejetés le 8 octobre.

Ni le contexte créé par les attentats, ni le contexte électoral, ne nous feront renoncer aux revendications, à l’indépendance syndicale et à la détermination de nos syndicats pour se faire entendre.

Mais nous examinons aujourd'hui les promotions des collègues. L'accès à un échelon supérieur au choix ou au grand choix est une sorte de reconnaissance, pour chaque enseignant, de son travail.

Les enseignants du premier degré en France sont parmi les plus mal rémunérés des grands pays de l'OCDE, loin derrière l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Belgique, la Corée... Cette situation a encore été aggravée par le gel du point d'indice depuis 2010. Le pouvoir d'achat des enseignants a perdu 8%, chiffres de l'INSEE. L'accès à l'échelon supérieur revêt donc un enjeu financier particulièrement important dans le contexte de blocage des salaires que nous connaissons depuis 2010 qui met de plus en plus de familles en difficulté.

Pourtant, le gouvernement continue d’organiser la baisse de nos rémunérations avec maintenant la mise en place du protocole PPCR. La ministre met en avant l'augmentation de traitement aux bornes de la carrière : le 1er échelon dans lequel on ne restait que trois mois et le dernier échelon hors-classe auquel de nombreux collègues ne pourront parvenir. Mais au 11ème échelon de la classe normale, le gain se trouve effacé et même dépassé, par l’augmentation du prélèvement pension civile, ce qui conduira de fait à une baisse de rémunération...

La perte du pouvoir d’achat depuis le gel du point d’indice en 2010 n’est pas du tout compensée par les propositions gouvernementales.

L’allongement des durées de carrière autofinance une revalorisation en trompe-l’œil.

L’intégration d’une part des primes dans le traitement est insignifiante et limitée, de fait très insuffisante.

La longueur du calendrier de mise en œuvre des mesures salariales est inadmissible car le gouvernement ne peut rien garantir après 2017.

C'est la raison pour laquelle ce protocole n’a pas pu obtenir d’accord majoritaire, Force Ouvrière, la CGT et Solidaires, ayant refusé de le signer. Malgré cela, le premier ministre a déclaré qu'il passerait outre ce refus... Le Gouvernement a besoin de ce protocole et non les personnels.

Mettons en corrélation cette baisse de rémunération, l'allongement de l'année scolaire à 38 semaines et le travail du mercredi qui nous coûte à tous, nous tenons une équation inédite: travailler plus pour gagner moins.


 

Parallèlement, le Ministère s'engage dans une campagne contre le harcèlement à l'école dans un clip sponsorisé par SFR et Disney.

Ce clip montre une enseignante dépassée et indifférente au chahut ambiant, laissant des élèves violents en harceler un autre. L'opprobre est jetée sur toute une profession. Ce genre de production n'est pas le fruit d'une réelle réflexion sur la nature profonde du harcèlement : on dénonce juste un coupable idéal. Économique solution...

A Force Ouvrière, nous ne pensons pas que la stigmatisation des enseignants soit un remède au harcèlement. L'écrasante majorité des collègues accomplit son travail sérieusement, avec bienveillance, et ce mépris les attriste particulièrement. FO demande le retrait de «cette œuvre» dans les meilleurs délais.

La volonté de bloquer nos salaires, ce clip vidéo et les «sorties» du ministre Macron attestent d’un certain mépris à notre encontre malgré les déclarations de circonstance consécutives aux drames que nous avons vécus.

Pourtant, il y a quinze jours, ce sont bien des fonctionnaires qui se sont illustrés face aux attentats.

Le leitmotiv de Force Ouvrière est plus que jamais d’actualité : « il n'y a pas de République sans service public ».

Je vous remercie de votre attention.

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Date de création : 01/12/2015 08:44
Catégorie : Commissions - CAPD-2015-2016
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